Règlement de comptes à HNe Corral
Faut-il dégommer Jean-Pierre Authier ou le maintenir à son poste de président du conseil d’administration (CdA) d’HNe ? Telle est la question qui anime tous les saloons du canton de Neuchâtel et qui semble diviser certains marshals qui seraient bien avisés ou peu enclins – c’est selon – de se servir de leurs six-coups.
Mais que reproche-t-on exactement à l’honorable président du CdA de notre formidaaaable dispositif hospitalier ? D’avoir manqué de loyauté à l’égard des inexistantes orientations stratégiques du Conseil d’Etat ? D’avoir tenu d’imprudents propos de nature politique, alors qu’il est avant tout attendu de lui qu’il fasse montre d’une exemplaire « sensibilité politique » dans un domaine gangréné par la politique politicienne ? D’être une super Nanny qui aggrave systématiquement son cas par ses défenses maladroitement offensantes à l’encontre des crétins qui osent critiquer son bébé ? De privilégier les éleveurs de moutons au détriment des cowboys ? D’être resté sourd aux conseils de Nadine de Rothschild et de s’être mouché dans les rideaux de Gisèle Ory ? De refuser de mettre davantage de crème dans les mille-feuilles du Val-de-Travers ? D’être comme Sœur Anne et de ne jamais rien voir venir ?
Nul ne sait exactement. Et, au fond, qu’importe ?! Depuis le temps que l’on barbotte dans l’eau toujours plus boueuse de notre restructuration hospitalière, peut-être pourrait-on saisir l’opportunité des récents événements pour se poser enfin les bonnes questions.
Au-delà des personnes, la toute première d’entre elle porte sur le rôle attendu de la part d’un conseil d’administration. Un CdA détermine les orientations stratégiques de l’activité d’une société et veille à leur mise en œuvre. Il procède également aux examens et vérifications qu’il juge opportuns dans le cadre de sa mission ; il s’agit-là d’un véritable pouvoir de contrôle et d’investigation. La qualité d’un CdA dépend donc de sa double capacité de définition de la stratégie et de contrôle de sa mise en œuvre. La bonne question à se poser est donc : le CdA d’Hôpital neuchâtelois joue-t-il son rôle ? Non, pour deux raisons.
Tout d’abord et s’agissant du contrôle de l’activité, le CdA – si l’on se réfère aux prises de position de son président – est dépendante ou en symbiose avec la direction générale d’HNe, à la manière d’un vieux couple devenu inséparable. Les récents licenciements des Drs Patrick Cornu et Giovanni Spoletini – et la déplorable mise à l’écart de tout processus décisionnel qui les ont précédés – témoignent de graves carences managériales au niveau de la direction générale de HNe, carences que le CdA a indirectement cautionnées par sa passivité. Cela fait longtemps que l’on dispose d’indications – aujourd’hui confirmées – selon lesquelles la direction générale de HNe exerce son leadership de manière discutable. L’on ne saurait donc sanctionner le conseil d’administration – ou son président – sans jeter un regard critique sur le management de la direction d’HNe.
Et, ensuite, le CdA doit en principe se soumettre aux décisions stratégiques du Conseil d’Etat. Mais que se passe-t-il quand le Conseil d’Etat ne prend pas de décision ?… Ou qu’il prend des décisions absurdes comme celle concernant l’établissement provisoire à Neuchâtel d’un dispositif femme-mère-enfant qui devrait déménager à La Chaux-de-Fonds une fois mis en place ?! L’inefficace structure organisationnelle donnée au dispositif hospitalier neuchâtelois pose donc des problèmes qui sont en train de se focaliser sur la personne du président de son CdA. A moins que la classe politique n’assume enfin son leadership en privilégiant l’intérêt de la population – ce qu’elle a été incapable de faire sous la précédente législature – il y a aussi fort à parier que l’on verra se produire les mêmes dérives avec NOMAD et le CNP. Pour l’heure, l’actuel Conseil d’Etat ne semble malheureusement pas mieux inspiré que l’ancien. Ici aussi, que vaudrait une sanction contre le conseil d’administration d’HNe – ou son président – si elle devait émaner d’une autorité incapable d’assumer son rôle ?!
Les récentes – et malheureuses – tribulations qui frappent le monde hospitalier mettent donc en évidence deux défauts majeurs de la nécessaire réforme sanitaire neuchâteloise. Premièrement, la création de lourdes structures comme HNe, NOMAD ou CNP n’est pas une panacée, loin s’en faut : l’augmentation des niveaux hiérarchiques pose davantage de problèmes qu’elle n’apporte de solutions. La difficile mise en place de NOMAD en est la preuve. Deuxièmement, il est bien connu que lorsque le chat dort, les souris dansent. En d’autres termes, quand la classe politique n’assume pas son leadership, c’est à l’administration (service de la santé publique, direction générale d’HNe) que cette carence profite. Les actuels problèmes qui secouent HNe sont l’expression de ce qui précède. Ils constituent donc aussi une opportunité de remettre l’église au milieu du village. L’avenir prochain dira qui commande, de Madame Ory ou de Messieurs Authier, Rubin et de l’ancien chef du service de la santé. Etant entendu, une fois encore, que l’enjeu ne se situe pas au niveau des personnes, mais de leur capacité à mettre de l’ordre ou du désordre dans le système sanitaire.
Pour revenir à la question en préambule, à quoi cela servirait-il de dégommer Jean-Pierre Authier si c’est pour mettre quelqu’un d’autre dans les mêmes bottes ?!
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